Dans ses précédentes prises de position, le Conseil fédéral a toujours minimisé les changements de priorités en termes de coopération internationale (CI). Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a déclaré lors d'une conférence de presse le 10 avril que les contributions à l'Ukraine ne seraient pas ressenties en raison de la croissance du budget
Le projet qui vient d'être publié parle pourtant de lui-même : 39 pour cent des moyens alloués à la coopération au développement seront dépensés en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient selon Alliance Sud, le centre de compétence suisse pour la coopération internationale et la politique de développement. L'Afrique subsaharienne, pourtant annoncée comme la priorité, n'en recevra que 38 pour cent. Pour la coopération économique au développement, le décalage est encore plus dramatique : 42 pour cent des fonds sont désormais prévus pour l'Europe, tandis que l'Afrique subsaharienne n’en recevra que 13 pour cent.
Franziska Theiler, directrice de Brücke Le Pont, critique cette décision : « Il ne fait aucun doute que l'Ukraine doit être soutenue. Mais cela ne doit pas se faire aux dépens du Sud global ». Les crises et les conflits se multiplient dans le monde, et la lutte contre la pauvreté et la misère est plus urgente que jamais. Avec cette décision, on se dirige cependant vers le budget le plus bas depuis des décennies. Franziska Theiler déclare : « Il est décevant que le Conseil fédéral ait décidé de prendre cette mesure ».
Cette baisse prévue du financement public pour le développement, qui ne représente plus que 0,36 pour cent du revenu national brut, est également grave. « Un taux aussi bas – qui représente la moitié de l'objectif convenu au niveau international et promis par la Suisse, et le niveau le plus bas depuis dix ans - est absolument inacceptable et indigne d'un pays riche comme la Suisse », déclare Andreas Missbach, directeur d'Alliance Sud.